22 May 2007

Une première journée, des Beethoven révélateurs, des moments de belle intensité !

Une première journée, des Beethoven révélateurs, des moments de belle intensité !

Les premiers battements de mesure du premier Concours International de Direction d’Orchestre Evgeny Svetlanov ont donc été donnés ce lundi matin, première journée des premières épreuves éliminatoires. C’est au Conservatoire de Luxembourg, dans une salle à la belle acoustique et très favorable à la convivialité musicale, que se sont fait entendre les premiers candidats.

Mais rappelons d’abord la composition du Jury : Vladimir Ashkenazy, aujourd’hui Directeur musical de l’Orchestre de la NHK, en est le Président. Ses membres : Rolf Beck, Intendant de l’Orchestre et du Chœur du NDR de Hambourg, Jean-Claude Casadesus, Directeur musical de l’Orchestre National de Lille, Paul Hughes, Directeur du BBC Symphony Orchestra à Londres, René Koering, Intendant de l’Orchestre et de l’Opéra de Montpellier, Alexander Müllenbach, compositeur, Lan Shui, Directeur musical du Singapore Symphony Orchestra, Alexander Vedernikov, Chef principal de l’Orchestre du Théâtre Bolshoï de Moscou et Elmar Weingarten, Directeur du Fonds Culturel de Berlin.

C’est à l’Orchestre Philharmonique de Luxembourg (OPL) que revient la belle et lourde charge d’être « l’outil de travail » des candidats. Ce lundi, il a déjà fait preuve de remarquables qualités d’« accompagnateur », avec une attention, un engagement, une souplesse, une endurance, une attention professionnelle et sympathique à leurs indications, qui ne peuvent être que profitables aux candidats.

Près de cent cinquante « dossiers » (curriculum vitae, cassette video, DVD) ont été adressés au Jury qui, après une première sélection, a retenu dix-huit candidats.

Lors du premier tour des éliminatoires (ces lundi 21, mardi 22 et mercredi 23 mai), les jeunes chefs disposent d’un temps de travail de vingt-cinq minutes. Il leur a été demandé de présenter le premier mouvement d’une symphonie de Beethoven : au choix, la troisième, la cinquième, la septième, des œuvres bienvenues pour se faire une première impression concrète des qualités musicales de leur lecture et d’interprétation, de leur personnalité et de leur conviction .

Ghun Kim (Américain, 26 ans) - premier mouvement de la cinquième symphonie – a l’honneur d’inaugurer le Concours. Son expression gestuelle, plutôt réservée, est très peu spectaculaire, assez linéaire, mais l’orchestre traduit sans hésiter les différentes remarques, suggestions, consignes et corrections dont il ponctue sa séance de travail.

Konstantin Chudovsky (Russie, 25 ans) - premier mouvement de la troisième symphonie - « prend le pouvoir » dès les premières mesures avec une baguette impérative, des gestes plus autoritaires, qu’il répétera régulièrement tels quels, mais à la juste lisibilité. Il n’a pas besoin de beaucoup de mots pour se faire « entendre ». Il fait preuve d’une belle énergie rythmique et assure de solides contrastes d’intensité.

Yukihiro Notsu (Japon, 30 ans) - premier mouvement de la troisième symphonie - dirige davantage en souplesse ; ses mouvements de bras traduisent un désir de faire chanter l’orchestre. Sa dynamique paraît peu marquée, mais le jeune chef est capable, il le prouve, de belles impulsions.

Nadia Wasiutek (France, 35 ans) – premier mouvement de la septième symphonie - une des deux femmes du Concours, conduit l’orchestre d’une gestuelle tranquille, souple, élégante, mais nette quant aux intentions qui la sous-tendent. Sa lecture du mouvement ne manque ni d’esprit de continuité ni de clarté.

Robert Forés Veses (Espagne, 36 ans) - premier mouvement de la cinquième symphonie - conclut la matinée. S’il commence par expliquer ses intentions détaillées à l’orchestre, s’il semble se fixer sur un même trait, il installe en fait le climat nécessaire à une interprétation dont on va découvrir – ressentir - qu’il la conçoit clairement : avec une grande précision rythmique, dans une atmosphère exactement nuancée, il nous emporte dans une vision très structurée et convaincante.

Alexandre Grandé (Israël, 35 ans) - premier mouvement de la septième symphonie - nous en propose une lecture plutôt solennelle, à la cadence métronomique, tout en ne négligeant pas de marquer davantage les passages les plus dramatiques du morceau. Il informe clairement l’orchestre de ses intentions et en contrôle l’exécution.

Ivan Arboleya-Montes (Espagne, 33 ans) - premier mouvement de la septième symphonie - s’installe devant l’orchestre comme pour une longue séance de répétition. Extraverti sans excès, manifestement doté d’une belle sensibilité, il stimule un orchestre qui répond immédiatement à ses impulsions. Et quand le jury lui signale que son temps est écoulé : « Oh ! It is time ! »

Benjamin Ellin (Royaume-Uni, 27 ans) - premier mouvement de la septième symphonie - nous surprend, dans les premières mesures, par un tempo très lent, mais qui lui sert de tremplin pour une vision extrêmement maîtrisée du morceau. Pas beaucoup de paroles chez lui : ses indications gestuelles, son langage corporel sont absolument explicites, et beaux. Il a une réelle qualité d’écoute de ses interprètes. L’orchestre l’a d’ailleurs manifestement suivi avec plaisir.

Denys Proshayev (Ukraine, 29 ans) - premier mouvement de la septième symphonie - a une gestuelle plus « dansante ». Il « descend » dans l’orchestre pour lui insuffler sa vision de l’oeuvre et en obtenir les sons et les nuances qu’il demande. Il privilégie un tempo rapide, restant cependant attentif à la précision des interventions des différents pupitres, invitant, par exemple, les cordes à retravailler un trait.


En conclusion, une première journée heureuse dans l’éventail des personnalités rencontrées et les propositions intéressantes qu’elles nous ont faites, dont certaines nous ont comblés.


Stéphane Gilbart et Suzanne Faber

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